lundi 28 octobre 2013

Billet du lundi

J'ai réagi en fin de semaine dernière, par voie de communiqué de presse, suite à l'invitation d'un collectif se proclamant "Indépendant et Apolitique" du Commerce et de l'Artisanat dijonnais. Cette association n'a jamais demandé à ce jour à être reçue par la municipalité de Dijon. Toutefois, je suis tout à fait disposée à rencontrer son représentant mais plutôt sous la forme d'un débat politique - en toute clarté - compte tenu du soutien officiel de ce dernier envers le candidat UMP investi pour les prochaines élections municipales de Dijon.
Je souhaitais apporter ces précisions qui me semblent utiles pour le débat démocratique.



Voici le communiqué :
Plusieurs médias m’ont invitée cette semaine à réagir à une proposition « de rencontre des candidats à la Mairie de Dijon », formulée - donc par voie de presse interposée - par une nouvelle union commerciale qui s’est proclamée « Collectif Indépendant du Commerce et de l’Artisanat ». Un collectif qui prétend, pour ses « 80 adhérents » recrutés « en 6 mois », avoir « développé de nombreux outils pour améliorer la situation économique des commerçants : plus grande galerie marchande virtuelle sur Facebook, programme de formations, conseils collectifs et individualisés dans le domaine de la gestion et du droit des affaires, actions de communication grand public »… Derrière toutes ces paroles, bien évidemment un grand vide : à titre d’exemple, allez vite consulter la fameuse page Facebook énoncée plus haut, je vous laisse juge !
Non content de marcher ainsi sur les plates-bandes de la CCI et de la CMA, cette Union – qui s’est baptisée « Cœur de Ville » certainement en hommage mot pour mot au programme municipal de François Rebsamen en 2008 (action numéro 90 : « mettre en place le projet Cœur de ville pour soutenir le commerce du centre-ville ») – s’en prend en outre directement à la fédération Shop in Dijon, avançant sans vergogne qu’avec « 100 fois moins de budget » que ladite fédération, elle est « nettement plus efficace »… Il y a encore quelques semaines, on avait pu lire dans la presse, à travers les déclarations de son fondateur, Nicolas Vairelles, que Cœur de Ville se voulait complémentaire de Shop in Dijon… Visiblement, ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais ce n’est pas étonnant puisque, alors que Shop in Dijon construit l’avenir, Cœur de Ville passe en boucle la rengaine fantasmagorique de la « dégradation du centre-ville », quand tous les Dijonnais saluent exactement l’inverse au fil de leur promenade dans le (vrai) cœur de Dijon !
Qu’est-ce qui fait courir Cœur de Ville ?
Donc je pose une question : qu’est-ce qui fait courir Nicolas Vairelles, à la tête d’une union commerciale alors que lui-même – fait inédit en France dans le monde de ces organisations professionnelles - n’est pas commerçant ? La réponse est simple et, à la base, on ne peut plus respectable : ce monsieur fait de la politique. Pour le compte de son parti, l’UDI, qui soutient officiellement le candidat UMP aux prochaines élections municipales à Dijon ! Ce n’est pas moi qui l’affirme, c’est l’UDI elle-même qui, à travers quelques communications à la presse, n’a ni caché l’appartenance de Nicolas Vairelles à son mouvement (article du Bien Public du 29 mai 2013 – en pièce jointe) ni hésité à le mettre en avant (il est le premier à gauche sur la photo de l’article du Bien Public du 28 septembre 2013, également en pièce jointe, où l’un des leaders de l’UDI témoigne « son empressement de voir investi un candidat UMP »).
Et si tout cela ne suffisait pas à apporter la preuve d’une sorte d’imposture, je vous joins enfin une copie d’écran du site internet de ce collectif Cœur de Ville en date du 2 mai 2013 : non seulement on y trouve une « actu » sur le « lancement du site de campagne d’Alain Houpert », mais aussi une brève sur un « feu de poubelle dans le quartier des Poussots ». Deux infos qui ne devraient en aucune manière figurer sur le site d’une association qui se veut indépendante et au service des commerçants, vous en conviendrez facilement…
Il va donc de soi qu’il sera peu utile de rencontrer le représentant de Cœur de Ville puisque, contrairement à ce qu’il veut faire croire, il a déjà choisi son camp !
Ne plus avancer masqué
Nicolas Vairelles a le droit de faire de la politique. J’en fais également, chaque jour, au sens étymologique du terme et en responsabilité ! Je suis en effet au service de la vie de la cité, de ma cité, de notre ville, de ses commerçants et artisans en particulier, pour défendre leurs intérêts aussi bien auprès des mes collègues du conseil municipal que sur le terrain.
Donc je le redis : l’UDI Nicolas Vairelles - retenez bien son nom car il est tout à fait probable qu’il s’engage d’une manière ou d’une autre dans la campagne des municipales - a le droit de faire de la politique… Mais je ne peux admettre plus longtemps qu’il tente d’avancer masqué, qui plus est en brassant du vent et des concepts de gouvernance fumeux (« pas de bureau », « pas de rapports hiérarchiques des uns envers les autres », « un système qui évite les conflits d’intérêts »…), des concepts qui feraient sourire si son objectif visiblement peu avouable n’était pas aussi triste et ratatiné…
A l’évidence, ce jeune homme a voulu tromper les commerçants dijonnais. J’espère très sincèrement, s’il ose à nouveau venir leur chuchoter dans l’oreille sa conception de l’indépendance ou son sens de l’intérêt général, que les commerçants et artisans dijonnais ne se tromperont pas ou plus !

Nathalie Koenders
Maire adjointe de Dijon déléguée au commerce, à l’artisanat et à la démocratie locale